Le Secret

Solitude, révolte, émotion à l’état brut, enthousiasme déferlant... le ton est à l’urgence, à l’embrasement de l’âme et du corps, à l’éloge des signes du coeur - cette capitale de l’imagination et piaffant aventurier- sans retenue ni malice.
Fabrice Devésa montre toutes les facettes du jeune poète romantique : il est tantôt ébloui par les richesses qu’offre le monde, tantôt touché par ses travers.
Sa difficile mais heureuse navigation, l’auteur l’a entreprise sans boussole, tout en nerfs, en muscles et en sensibilité, en se jetant sur cette embarcation verbale, cette Arche de tant de rêves à multiplier, et qu’on nomme : poésie.
Comité de lecture des éditions St-Germain des Près.
T’oublier.
J’ai rencontré des matelots
Qui m’ont dit de quitter le port
Pour aller vivre sur un bateau,
La mer est un précieux trésor.
J’ai essayé de t’oublier
Mais tu étais mon océan
Et, comment pouvoir naviguer
Quand on a trop peur des courants ?
J’ai rencontré de fausses vierges
Qui faisaient très bien leur métier.
J’ai connu toutes les auberges,
Tous les châteaux des mal-aimés.
J’ai essayé de t’oublier
Mais tu étais ma seule princesse,
Et je n’ai pas pu chevaucher
Jusqu’au royaume de la tendresse.
J’ai rencontré un vrai curé,
Buveur de vin, prêcheur de messe.
J’ai même essayé de prier
Un Dieu qui se moquait de ma tristesse.
J’ai essayé de t’oublier
Mais tu étais ma seule église,
Quand tous les cierges s’éteignaient
Que brûlait la lettre à Elise.
J’ai rencontré un grand chanteur
Qui pleurait sur ses partitions,
Qui jetait sa vie et son coeur,
Qui faisait vibrer ses chansons.
J’ai essayé de t’oublier
Mais tu étais ma seule musique,
Et c’était dur de te chanter
Dans des poèmes trop classiques.
Est-ce que tu penses encore à moi ?
Est-ce que je compte un peu pour toi ?
J’ai essayé de t’oublier,
D’oublier cet amour pour toi,
Tandis que mon coeur mugissait,
Je ne peux pas vivre sans toi.

(Poème extrait du " Secret ").