Le Pays des Rêves Bleus

Recueil de contes pour enfants réalisé avec Claudine Moulin Aux éditions Orionis. (Recueil épuisé).

Les animaux, les fées et les lutins vous invitent à venir vous promener au " Pays des Rêves Bleus ", celui de l’enfance où vous entraînent les images et musiques poétiques.
Dans cet univers merveilleux, vous retrouvez la magie et la beauté des êtres et des choses qui reprennent vie grâce à la poèsie.

Claudine Moulin, Editrice et poète.

Yohan, le petit prince des forêts.

" Comme il est beau ! " murmura Suzie, la petite fille aux cheveux d’or, en caressant de ses doigts frêles, la couverture du livre de contes que lui avaient offert ses parents. Elle venait d’avoir dix ans et était une enfant très sage. Elle était toujours de bonne humeur et ses sourires étaient contagieux. C’est ainsi que, dans son école, tout le monde souriait, même le directeur. Aujourd’hui, Suzie fêtait son anniversaire avec sa famille : son père, sa mère et Thomas, son petit frère qui n’avait que cinq ans et avec qui elle s’entendait à merveille. Eux aussi, ils souriaient. Suzie ouvrit le livre de contes et effeuilla ses pages une à une.
Les illustrations étaient merveilleuses. Les couleurs flamboyaient. Le coeur de la petite fille battait très fort et il se serra lorsqu’au milieu des immenses châteaux, des sorcières et des fées, Suzie découvrit le visage d’un petit prince aux cheveux bouclés et au regard tendre. Elle apprit plus tard, en parcourant les phrases de son livre, qu’il s’appelait Yohan et qu’il était le maître des bois et des forêts. C’est sûrement pour cela qu’il avait des cheveux roux comme certaines feuilles en automne. Il était magnifique mais il ne savait pas sourire. On aurait dit qu’il attendait quelque chose, mais quoi ? Il parlait aux chevreuils, aux hérissons, aux écureuils... Tous les animaux qui l’entouraient étaient ses amis mais un nuage de tristesse planait au-dessus de lui et son coeur ne savait pas sourire. Il se sentait seul. Les forêts devenaient de plus en plus sombres en le voyant ainsi et les animaux souffraient de trouver leur ami dans cet état-là, lui qui avait presque tout pour être heureux.
Plus Suzie avançait dans le livre et plus elle avait envie de connaître ce personnage merveilleux, de partager avec lui ses secrets et de l’aider à sourire. Parfois, en regardant le petit prince des forêts, elle murmurait : " Je suis là, ne sois pas triste, je pense à toi et je... " mais elle ne terminait jamais sa phrase car elle se trouvait idiote de parler ainsi à un personnage imaginaire. " De toute façon, pensait-elle, il s’agit d’un conte et ces histoires-là se terminent toujours bien. Yohan n’a pas besoin de moi, il découvrira bien vite une princesse qui l’aimera, qui l’épousera et qui lui donnera de superbes enfants " Suzie devenait triste, elle aussi. Elle aurait tant voulu être cette princesse à qui Yohan offrirait sûrement tout son amour, mais elle n’était qu’une fille comme les autres, comme toutes celles de son école.
Un soir qu’elle était trés fatiguée et qu’elle pensait trés fort à Yohan, elle entendit une petite voix lui dire : " Viens avec moi, c’est toi que j’attends. " Elle regarda autour d’elle mais il n’y avait personne. " J’ai dû réver ", pensa-t-elle, mais la voix reprit : " Je suis là, penche-toi vers moi ! "
Suzie se pencha vers le livre de contes qu’elle avait laissé ouvert et elle découvrit Yohan qui, pour la première fois, souriait en lui tendant les bras. " Ce n’est pas vrai ! " s’exclama-t-elle. " L’amour peut faire des miracles, regarde ! " répondit Yohan en sortant sa main du livre et en invitant Suzie à la prendre. " N’aie pas peur, viens avec moi ! " La petite fille mit sa main dans celle de son prince et pénétra dans le livre. Elle avait un peu peur mais elle se sentait tellement heureuse auprès de celui qu’elle avait aimé dès le premier instant ! Yohan lui fit découvrir ses forêts, ses amis et son palais. Ils parlèrent longtemps ensemble et Yohan s’aperçut que Suzie savait presque tout sur lui. Il souriait du plus beau sourire qu’il puisse exister. Au matin, Suzie regagna sa chambre. Elle n’était nullement fatiguée et elle regarda Yohan qui était resté dans le livre et qu’elle retrouverait le soir même.
En effet, à partir de ce moment-là, chaque nuit, Yohan et Suzie se retrouvaient pour échanger des sourires et des baisers. Ils se marièrent, quelques années après, et eurent beaucoup d’enfants qui voyagèrent entre l’univers des contes, celui de Yohan, et le monde de la réalité, celui de Suzie.

Fabrice Devésa