
Encre Noire
Le premier ouvrage (une trentaine de poèmes écrits entre 14 et 17 ans).
La société ! Ce thème apparait comme un fil conducteur au milieu des écrits de Fabrice Devésa. Révoltes et critiques en tous genres fourmillent dans son recueil, ne laissant derrière elles que l’empreinte de la solitude : " Quand je commence à écrire, explique Fabrice Devésa, j’écris ce que j’ai à l’intérieur et c’est souvent la solitude qui revient. Mes poèmes ressemblent plus à des cris de révoltes qu’à des romances. Ils sont tirés de la vie, ils sont engagés et élaborés de manière à ne pas faire une poésie hermétique mais forte en libertés ".
Lionel Panazza, Journaliste.
La clef des champs
J’ai pris la clef des champs un bel après-midi.
J’ai pris la clef des champs et je suis parti,
Amoureux du soleil, des oiseaux, de la pluie,
Coucher sous les étoiles, oublier où je suis.
J’avais pour tout bagage, un billet de cent francs,
La rage de Rimbaud, la folie de Prévert,
Et dans mon baluchon, un beau blouson d’hiver,
Des recueils de poèmes et des refrains chantants.
J’ai pris la clef des champs un bel après-midi.
J’ai pris la clef des champs et je suis parti,
Fou comme un ouragan, libre comme le vent,
Je suis sorti du rang, libre pour un instant.
J’avais tant espéré, j’avais tant attendu,
Au milieu des robots qui se moquent des fous,
Et dans les yeux d’une femme j’avais cherché partout
Un petit arc-en-ciel qui n’est jamais venu.
J’ai pris la clef des champs un bel après-midi.
J’ai pris la clef des champs et je suis parti,
Sous la mer des nuages, chercher d’autres rivages,
Chercher un autre port en écumant de rage.
J’avais pour tout besoin que l’envie de partir,
Casser tous les barreaux, vivre enfin, vivre libre,
Et durant quelques heures, quittant la route à suivre,
J’étais ivre de vie même s’il fallait mourir.
J’ai pris la clef des champs un bel après-midi.
J’ai pris la clef des champs et je suis parti,
Amoureux du soleil, des oiseaux, de la pluie,
Coucher sous les étoiles, oublier où je suis.
(Poème extrait d’ " Encre Noire ")
Notre Amitié.
Je voudrais que notre amitié soit si fidèle
Qu’elle résiste à l’usure du temps.
Je voudrais que notre amitié soit si forte
Qu’elle brise le mur qui nous sépare,
Qu’elle scie les barreaux de toutes les prisons,
Qu’elle repousse les cris qui me déchirent le corps.
Je voudrais n’avoir jamais froid
Quand je parle de toi,
Et tendre mes deux bras pour vivre mes promesses,
Dans le port du plaisir,
Où je jetterai l’ancre.
Je voudrais n’être jamais sourd pour entendre ta voix,
N’être jamais aveugle pour te voir près de moi,
Naître encore une fois dans ton coeur de princesse.
Je voudrais que notre amitié soit si pure
Qu’elle ressemble à la fille qui m’a écrit ces lettres.
Je voudrais qu’elle soit si vivante
Qu’elle mette des couleurs sur les murs de la ville,
Qu’elle efface les cris, les douleurs, les chagrins.
Je voudrais être un refrain dans ta chanson
Et être un matelot qui va de port en port
Mais qui revient toujours vers les mêmes escales.
Je voudrais que notre amitié soit si belle
Qu’elle me fasse oublier
L’amour que j’ai pour toi.
(Poème extrait d’ " Encre Noire ").